Chronique d’un exorcisme maritime

Dernier jour de mission, ambiance détendue, sacs bouclés, combinaisons qui sèchent au soleil et sourires fatigués mais ravis.
C’est justement le moment qu’ont choisi les journalistes de France 3 pour débarquer, curieux et enthousiastes. Ils veulent tout savoir sur le projet EXOFISH-MED, les poissons exotiques, la science participative… et moi, ravie de partager cette belle aventure, je me dis : parfait, une dernière interview pour clore la mission en beauté !

Tout se passe à merveille. J’explique le protocole, les plongées, la biodiversité, les enjeux… et j’ajoute que certaines espèces exotiques peuvent profondément bouleverser les écosystèmes méditerranéens. Le journaliste me demande alors des exemples, et c’est là que le drame se joue … je commence à lui parler du champion toutes catégories du désastre écologique en Méditerranée orientale : le poisson-lapin. Sans m’en rendre compte, j’avais lâché le mot interdit. Oui. Le mot “lapin”. Tranquillement. Naturellement. Comme si de rien n’était.

Forcément, puisqu’il a fait beaucoup de dégâts dans les écosystèmes, j’insiste et enchaine les “poisson-lapin” à tout bout de champ. Trois fois, quatre fois, peut-être plus.… sans réaliser que, pour les marins présents, chaque répétition sonnait comme une cloche funèbre annonçant la malédiction.

Sur le moment, je me dis juste : « Tiens, pourquoi Xavier, notre chef de mission, agite-t-il les bras comme un sémaphore en détresse derrière la caméra ? » J’hésite entre “il me fait un grand signe d’encouragement” et “il tente d’éloigner une mouche qui l’embête”… Je poursuis donc, imperturbable, mon discours scientifique.

Fin de l’interview… et là, Xavier bondit littéralement comme un Zébulon sorti de sa boîte. Il saisit la salière du bord de table et, avant que j’aie eu le temps de comprendre, me renverse le contenu sur la tête, d’un air aussi solennel qu’un druide conjurant une malédiction.

Silence stupéfait. Quelques grains de sel glissent le long de mon front. Puis, éclat de rire général. Moi, surtout. Parce que Xavier, d’ordinaire d’un calme olympien, avait visiblement décidé de sauver le bateau… à grands coups d’assaisonnement.

Depuis, quand je croise une salière, je ne pense plus à la soupe, mais à mon exorcisme à la fleur de sel, un souvenir qui me fait sourire à chaque fois et me donne aussitôt envie de remonter à bord.

Virginie Raybaud

 

En tant que dessinatrice naturaliste embarquée, j’ai eu la chance de participer à l’incroyable Mission en Grèce avec Monaco Explorations, mû par S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, à bord du MODX Catamarans, navire 100 % énergies renouvelables.

Ce projet associe science, diplomatie environnementale et sensibilisation auprès des communautés locales… mais c’est encore le bébé phoque ci- dessous qui en parle le mieux. Il évoque notamment les scientifiques de Exofish Med, de Mar 4 Past et du CSM, de Plankton Planète et du Mom (HELLENIC SOCIETY FOR THE STUDY AND PROTECTION OF THE MONK SEAL) que j’ai eu la chance de rencontrer.

Merci à Xavier PRACHE, Noëlie Pansiot, à mes amis troubadours (qui se reconnaîtront), à l’équipage du Galaxy et du Ganany et à toute l’équipe de Monaco Explorations pour leur engagement et leur confiance.

Anne Benoliel Defreville
Dessinatrice Autrice Designer Artiste

 

 

 “ La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. C’est l’immense désert où l’homme n’est jamais seul, car il sent frémir la vie à ses côtés. La mer n’est que le véhicule d’une surnaturelle et prodigieuse existence ; elle n’est que mouvement et amour ; c’est l’infini vivant (…).” 

Jules Vernes, 20 000 lieues sous les mers. __ 

L’infini vivant. Ici, à Alonissos, à bord de l’expédition Grèce, je le vois partout, de mes propres yeux ou dans l’oeil unique de ma caméra. Ici, les camaïeux de bleus ondulent dans le port, les chats arpentent les ruelles affamés de caresses, et les cormorans font la course le long de la plage. L’infini vivant se matérialise à toutes échelles. 

Dans le Curiosity de Kelly Godard, médiatrice scientifique, il y a ce plancton animal qui grouille, sous les yeux étincelants des enfants grecs. Ils sont venus assister à un atelier Living water pour découvrir ces drôles d’organismes, et les rôles clés qu’ils jouent dans les écosystèmes. Et, ce qu’ils adorent, c’est observer au microscope. 

Projeté sur l’écran de la classe, les bambins découvrent le plancton en direct. Ils plongent alors leurs regards sur la minuscule larve de crabe, le très criard phytoplancton, ou encore l’étrange copépode, qui tourne sur lui-même comme une minuscule danseuse à antennes. L’infini vivant est bien présent ce jour-là dans leurs regards naturalistes, insatiables de curiosité face à ce qu’ils découvrent. Sous ses airs de simple atelier de médiation, ici, à Alonissos, c’est tout un héritage qui est transmis aux plus jeunes. Et, quand Dimitri, 7 ans, me saute dans les bras en me disant “thank you, I love you”, j’avoue que j’ai le coeur qui fond. La transmission de la curiosité scientifique chez ces jeunes enfants ici n’est pas qu’une question de passation de savoirs : c’est une passation d’émotions. Cet infini vivant est aussi présent sous une forme plus rondouillette et aux yeux d’un noir profond : le phoque moine de Méditerranée. Espèce longtemps chassée sur les plages, désormais prostrée dans des grottes obscures, elle est devenue la mascotte d’une protection collective après avoir frôlé l’extinction. Sur les murs des cafés, des boulangeries, des affiches et flyers informent habitants et visiteurs de la situation de l’animal. 

La journée que je passe avec Panos Dendrinos, président du MOm, The Hellenic Society for the Study and Protection of the Monk seal, restera à jamais marquée dans ma mémoire. Nous partons vérifier les caméras pièges des grottes dans lesquelles les phoques peuvent venir se reposer et mettre bas. Si aucune rencontre n’est attendue ce jour-là, chaque minute est empreinte d’émerveillement. 

C’est à la nage que nous rejoignons une première grotte. Lorsque je passe le sas de celle-ci, la lumière claire et bleutée s’effondre. C’est comme passer la porte d’un autre monde. L’acoustique change, les fragments de posidonie enlacent mes jambes et s’écrasent sur la toute petite plage intérieure où je rejoins Panos. Dans un coin de mur de la grotte, une caméra, qui semble fonctionner normalement. 

Nous partons dans une seconde grotte. Et cette fois-ci, je vois dans les yeux de Panos quelque chose d’inhabituel. Sous cette énorme arche de roche, nous longeons les murs dans une grande discrétion. Les mots ne sont plus, simplement des regards et des gestes entre nous. Et le temps qui s’écoule différemment, au rythme des lentes vagues qui pénètrent dans cette cavité mystérieuse. 

Tout à coup, nous entendons des cris qui percent le silence du fond de la grotte : un jeune phoque grogne joyeusement. Mon coeur bondit. Panos me pointe du doigt une plage sombre. “The pup is playing, the mommy is sleeping. We have to go.” J’ai le temps d’apercevoir une masse de 300 kilos dormir lourdement, bercée par les mouvements de l’écume. Une magie infinie s’opère en moi. Nous repartons, tous le sourire aux lèvres, heureux de cette rencontre inespérée. Ici, les populations de phoques moine de Méditerranée se restaurent, fruit d’un travail acharné de protection qui dure depuis plus de 30 ans. Panos me murmure même que les phoques recommencent à sortir des grottes pour gagner la lumière et la sécurité des plages, comme faisaient leurs ancêtres. L’infini vivant est aussi présent dans le coeur de tout l’équipage à bord de cette mission menée par les Explorations de Monaco. Chaque jour, j’aime observer et écouter comment les actions menées sur place et la vie qu’offre la Méditerranée catalyse en chacun et chacune son lot d’anecdotes journalières. 

Ici, l’infini vivant fait vibrer les actions et le coeur des gens. 

Jules Vernes avait déjà saisi cette profusion de vie des océans et mers de notre planète bleue dans 20 000 lieues sous les mers. Mais, depuis l’époque de cet ouvrage pionnier tant sur la fiction que l’ichtyologie qu’il dépeint, les choses ont bien évolué. Là où l’auteur y voyait des eaux intouchables par les “despotes” d’humains, des eaux où “leur pouvoir cesse, leur influence s’éteint, leur puissance disparaît”, en 2025, les rappports nous clament que l’infini vivant se meurt. 

Alors ici, à Alonissos, j’ai vu comment l’humain s’affaire à faire vivre la plus grande aire marine protégée de Méditerranée, et comment les expéditions océanographiques contribuent à faire rayonner cette protection sur place. Protéger nos océans, nos mers, c’est une mission complète : faire de la médiation auprès des plus jeunes, sensibiliser, aller à la rencontre des humains et des enjeux sociaux, alimentaires. Protéger les espèces, aller sur le terrain, mener des actions scientifiques sur place. Et c’est cette vision globale qui m’a le plus émue en embarquant sur cette portion de la mission Grèce. Nous étions tous et toutes ensemble. Ensemble, pour que l’infini vive encore !

Marie Treibert
Vulgarisatrice scientifique, autrice, vidéaste
Youtube.com/laboiteacuriosites

 

Une rencontre avec Monachus monachus

Nous avons laissé le bateau derrière nous et nous sommes approchés en nageant à palme de loup, pour ne pas faire de bruit. Nous longeons la haute falaise frappée par les vagues jusqu’à une anfractuosité. C’est une petite grotte, étroite et sombre, longue d’une vingtaine de mètres, coupée de la lumière de la mer Egée. Nous avançons collés aux parois, en file indienne, pour nous rendre le moins visible possible. Jusqu’à ce que nous apercevions, au fond, deux petits yeux brillant dans l’obscurité. Ils sont là, sur les galets. Une femelle, accompagnée du petit qu’elle vient de mettre bas, quelques jours plus tôt. Nous retenons nos souffles et restons à bonne distance. La priorité, c’est de ne pas les effaroucher. La rencontre est furtive, elle dure moins d’une minute. Il faut déjà se replier.

Oh, des phoques, j’en avais déjà vus. Mais ceux-ci sont particuliers. Le phoque moine de Méditerranée  (Monachus monachus) est une espèce en danger, qui a frôlé l’extinction. Depuis quelques années, elle reprend du poil de la bête. Si elle est toujours rare, à peine 500 individus, les populations augmentent de nouveau. Et ce, notamment grace au travail effectué par le Mom (l’association de protection de l’animal qui nous a guidés jusqu’ici) et aux mesures de préservation mises en place dans l’Aire Marine Protégée d’Alonissos, qui est l’un de ses refuges.

Notre petite équipe – photographe, camerawoman, écrivain – remonte à bord du bateau des gardes de l’AMP. Nous dégoulinons de joie. Car nous avons vécu un moment rare. Les mauvaises nouvelles environnementales sont si nombreuses, il faut savourer quand on constate, sur le terrain, qu’il est possible d’inverser des tendances afin que la nature reprenne ses droits.

Julien Blanc-Gras

Dans ce billet, Didier Zoccola, Chargé de recherche au Centre Scientifique de Monaco et spécialiste du corail, nous livre son sentiment sur sa participation à l’école thématique d’été organisée par l’IRD du 10 au 14 juin 2024 à l’Université des Seychelles. Cette école avait lieu dans le cadre de la composante B du programme DIDEM (Dialogue Science-Décideurs pour une gestion intégrée des environnements littoraux et marins). Elle avait pour thème la vulnérabilité du patrimoine récifal (VulPaRe) et sa résilience. Son organisation était soutenue par les Explorations de Monaco.

En juin 2024, l’IRD a organisé après 2014 et 2016 la troisième édition de VulPaRe à l’Université des Seychelles, rassemblant des experts de toute la région de l’océan Indien Occidental, notamment des Comores, de Maurice, des Seychelles, du Kenya, de la Tanzanie et de la Réunion, pour discuter des enjeux liés à la conservation des récifs coralliens

Pendant cinq jours, nous avons plongé au cœur des récifs coralliens, explorant leurs secrets et leurs fragilités. Les conférences, les débats animés et les sorties sur le terrain ont été autant de tremplins pour une réflexion profonde sur le futur de nos océans. J’ai été particulièrement touché par la volonté commune de tous ces acteurs, venus d’horizons différents, d’unir leurs forces pour faire face au défi climatique.

Au-delà des concepts théoriques, c’est l’esprit de collaboration qui m’a marqué. Les repas partagés, les discussions passionnées, loin des écrans et des réunions virtuelles, ont révélé la puissance de l’échange humain. Car oui, la science est un langage universel, mais c’est dans la rencontre de l’autre, dans le partage de nos expériences et de nos émotions, que naissent les véritables solutions.

 

 

Ecole thematique DIDEM_Seychelles_202406©IRD

Lors de mon intervention, j’ai eu à cœur de présenter le Conservatoire Mondial du Corail comme un acteur engagé dans cette lutte commune. Mais au-delà de cette présentation, c’est l’espoir qui m’a animé. L’espoir de voir ces jeunes chercheurs, ces gestionnaires, ces décideurs, tous unis par un même idéal : préserver notre planète bleue.

Car il ne s’agit pas seulement de sauver des coraux, mais de sauver notre avenir à tous. Et cette école, ce moment suspendu dans le temps, m’a rappelé que nous sommes tous liés, tous interdépendants. Ensemble, nous pouvons faire face aux défis qui nous attendent, et bâtir un avenir où l’homme et la nature vivront en harmonie. 

 

 

Crédits photos : Xavier Koenig & IRD 

Didier-Zoccola_Charge-de-recherches_Centre-Scientifique-de-Monaco©IRD

Didier Zoccola

Chargé de recherche
Equipe Physiologie – Biochimie
Centre Scientifique de Monaco

 

La gouvernance des Explorations de Monaco

Auriane Pertuisot, chargée de projets marins à la Fondation Prince Albert II de Monaco, coordonne depuis 2019 une coalition de bailleurs dédiée à la protection du phoque moine de Méditerranée : la Monk Seal Alliance. Elle présente dans ce billet la raison d’être de cette coalition, ses actions et résultats.

La Monk Seal Alliance fait partie du cercle des partenaires des Missions Méditerranée des Explorations de Monaco. Dans le cadre de sa mission d’éducation et de sensibilisation, elle a participé à la conception de l’exposition « Le Temps de l’Action: les Aires Marines de Méditerranée », inaugurée à Barcelone le 9 avril 2024 pour la 2ème réunion de la Décennie de l’Océan. 

La Protection du Phoque Moine de Méditerranée

La raison d’être de la Monk Seal Alliance

Le phoque moine de Méditerranée, Monachus monachus, est l’une des espèces de mammifères marins les plus menacées au monde. Avec moins de 900 individus restants, principalement répartis entre la Grèce, la Turquie et Chypre en Méditerranée, en Mauritanie et à Madère en Atlantique, sa conservation est cruciale pour la biodiversité marine. La Monk Seal Alliance joue un rôle important dans la protection de cette espèce emblématique en soutenant des projets de conservation et en coordonnant les différentes initiatives à échelle régionale.

Qui est le Phoque Moine de Méditerranée ?

Le phoque moine de Méditerranée peut mesurer jusqu’à 2,4 mètres et peser jusqu’à 320 kg.

La chasse du phoque moine a été l’une des premières pressions humaines exercées sur cette espèce. Depuis l’Antiquité, les phoques moines ont été chassés pour leur peau, leur graisse et leur viande. Cette exploitation intensive a considérablement réduit leur nombre.

Historiquement, les phoques utilisaient principalement les plages pour se reposer et se reproduire. Cependant, ils ont progressivement adopté les grottes marines inaccessibles, loin des activités humaines, pour y trouver un peu de quiétude.

Aujourd’hui, les principales menaces pesant sur l’espèce sont la perte d’habitat liée à construction côtière et le tourisme de masse et les prises accidentelles dans les filets de pêche ou leur mise à mort délibérée.

Les Actions de la Monk Seal Alliance

  1. Protection des Habitats : La MSA collabore avec et apporte un soutien aux gouvernements et des ONG locales pour créer et gérer des aires marines protégées (AMP). Si les organisations qui les gèrent ont les moyens humain, techniques et financiers adéquats, ces zones offrent un refuge sûr pour les phoques.
  2. Surveillance et Recherche : L’alliance finance des projets de recherche pour connaître les caractéristiques des populations, étudier le comportement des phoques, leurs habitats et leurs besoins. Ces informations sont cruciales pour comprendre les menaces auxquelles ils sont confrontés et en déduire les priorités de conservation.
  3. Sensibilisation et Éducation : La sensibilisation du public est essentielle pour la conservation à long terme des phoques moines. La MSA soutient des campagnes éducatives pour informer les communautés locales et les touristes sur l’importance de préserver cette espèce.
  4. Intervention d’Urgence : En cas de phoques blessés ou en détresse, la MSA peut soutenir des organisations fournissant des soins vétérinaires avant de les relâcher dans une aire marine protégée.

Impact et Résultats

Grâce aux efforts de la Monk Seal Alliance et de ses partenaires, plusieurs succès notables ont été enregistrés. Des populations locales de phoques montrent des signes de rétablissement, et de nouvelles zones marines protégées ont été établies. La dernière évaluation globale de la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature confirme une augmentation de la population. La collaboration internationale et les partenariats locaux sont au cœur de ces succès, démontrant l’importance d’une approche collective pour la conservation de la faune marine.

 

Auriane Pertuisot. FPA2©FPA2

Auriane Pertuisot

Coordinatrice de la Monk Seal Alliance depuis 2019. Chargée de projets marins à la Fondation Prince Albert II de Monaco.  

Dans ce billet du 7 juin 2024, Joana, Manon, Hortense et Gaël, élèves de 4ème du Lycée français de Barcelone, reviennent sur leur journée du 8 avril 2024 au Port Vell de Barcelone, une journée au cours de laquelle ils ont participé à plusieurs ateliers éducatifs et de sensibilisation proposées par les Explorations de Monaco à l’occasion de la deuxième réunion de la Décennie de l’Océan.

Une journée hors du commun...

Le lundi 8 avril 2024 dans l’après-midi, avec notre classe de 4ème, l’une des trois classes à enjeux maritimes du Lycée français de Barcelone, nous avons eu la chance de découvrir la Société des Explorations de Monaco. 

Première escale maritime : visite guidée et atelier autour de l’exposition“Le temps de l’action : les Aires Marines Protégées de Méditerranée”. 

Cette exposition était installée en plein air au port Vell de Barcelone. La visite a été l’occasion de prendre conscience de l’état actuel de la Méditerranée, des dangers qui la menacent et de l’importance des Aires Marines Protégées pour sa protection et sa gestion durable. C’est une mer riche en biodiversité mais particulièrement vulnérable, elle contient 28% d’espèces endémiques, c’est-à-dire qui ne vivent que dans cette mer ! Il s’agit d’une mer presque fermée, au milieu des terres, autour de laquelle vivent 522 millions de personnes. Imaginez la pollution générée par les rejets et les déchets, l’intensité du tourisme et celle du trafic maritime !

Cette visite nous a fait réaliser à quel point le réchauffement climatique, mais aussi l’activité humaine pèsent sur les écosystèmes tels que le coralligène, la posidonie ou la haute mer. Ils affectent les espèces sous-marines comme les tortues ou les mérous… Angela, notre guide, nous a permis de nous rendre compte que nous les humains ne sommes pas les seuls à souffrir du réchauffement climatique. Les autres espèces en subissent tout autant voire plus les conséquences que nous ! Et nous pouvons faire quelque chose pour inverser la tendance : par exemple développer les Aires Marines Protégées et les rendre plus efficaces.  Aujourd’hui, une surface de 8,33% de la Méditerranée est protégée mais seulement 0,04 % des eaux bénéficient d’une protection forte. Beaucoup d’investissements sont encore nécessaires pour atteindre 30% en 2030, comme les états l’ont décidé… 

Deuxième escale maritime : l´après-midi, nous sommes montés à bord du Tuiga, le navire amiral du Yacht Club de Monaco (YCM).

Nous nous sommes séparés en deux groupes. L’un avec Didier a découvert les subtilités du matelotage et les conditions de vie des marins. L’autre, avec Jean, l’incroyable histoire de ce bateau de régate. Ce magnifique voilier de course a été construit  en 1909, soit il y a 115 ans, par l’architecte écossais William Fife III à Fairlie, sur la côte ouest de l’Écosse. Son premier propriétaire était le marquis de Medinaceli, le cousin du roi d’Espagne. Sur les 20 bateaux construits sur ce modèle entre 1908 et 1912, seuls trois autres voiliers identiques sillonnent encore les mers : l’Hispania, propriété du roi d’Espagne, le Mariska et The Lady Anne. Le Tuiga a retrouvé le Mariska ici au Reial Club de Barcelone où nous nous trouvions. 

Portrait d’une icône de la voile traditionnelle : le Tuiga

Jean, l’un des marins qui s’occupe du yacht à l’année, nous a livré ses secrets. 

Ses matériaux de construction, le teck et l’acajou, lui permettent de résister aux intempéries. Sa coque mesure 23 mètres de long. Doté d’un mât de Beaupré avec un filet pour attacher les voiles et éviter que le “numéro 1” de l’équipage tombe à l’eau, il possède une voile trapézoïdale et une voile en forme de triangle rectangle, appelée flèche : il a une surface de voiles de 370 m3. 

Pour sortir en mer, il faut un équipage d’une vingtaine de marins. Le yacht peut aller jusqu’à 25-30 nœuds, ce qui correspond à une vitesse de  30-40 km/heure  et a  un tiran d’eau de 26,07281844048 tonneaux, l’équivalent de  73.83 m3! 

 

 

Merci beaucoup pour cette expérience clairement hors du commun, que nous  retiendrons sûrement toute notre vie !

Joana, Manon, Hortense et Gaël

Elèves de 4ème des classes à enjeux maritimes du Lycée français de Barcelone. 

Les partenaires des Missions Méditerranée

La gouvernance des Explorations de Monaco

Dans ce billet, Aude Jacomme, enseignante au Lycée Français de Barcelone chargée des classes à enjeux maritimes, évoque la collaboration fructueuse mise en place avec les Explorations de Monaco à l’occasion de la 2ème réunion de la Décennie de l’Océan à Barcelone. Retour sur l’organisation et le déroulement d’une semaine riche en découvertes, initiatrice de nouveaux projets et de prolongements prometteurs.

 

Une rencontre qui porte ses fruits... ...

 

Les prémices…

12 janvier 2024,  parmi les nombreux mails reçus par jour, un attire particulièrement mon attention: “Conférence de la Décennie de l’Océan et classes à enjeux maritimes du Lycée Français de Barcelone”… Origine du mail : Monaco Explorations ? La 2ème Conférence de la Décennie de l’Océan…

L’objectif de ces classes à enjeux maritimes est de faire prendre conscience aux élèves des différents enjeux existants autour de la conservation et de la gestion durable de l’Océan, mais aussi d’ouvrir des horizons en termes de champs professionnels, de culture, de savoir et savoir-être. À chaque fois, les intervenants qui viennent à la rencontre de nos élèves expliquent leur parcours pour sensibiliser les jeunes à des formations, des études et des professions qui, pour certaines, sont extrêmement motivantes. Nous collaborons avec des universités, des laboratoires de recherche, de physique, chimie, biologie marine. Nous sommes aussi en contact avec le port de Barcelone pour tout ce qui concerne les activités portuaires, les entreprises qui travaillent autour de l’économie de la mer et ce que l’on appelle « l’économie bleue ».  

C’est donc là, ce 12 janvier 2024, à l’ouverture de ce mail, que l’aventure a commencé … Et quelle aventure! Très rapidement, une visioconférence et des échanges hebdomadaires nous ont permis de partager de nombreuses idées et de déterminer comment la Société des Explorations de Monaco pouvait enrichir le parcours de nos élèves. Un réseau d’échanges se met en place, nous partageons avec enthousiasme les contacts de nos partenaires locaux.

Atelier de noeuds marins à bord de Tuiga avec les délégués des classes à enjeux maritimes du Lycée Français de Barcelone. 9 avril 2024. Port Vell. Barcelone©JC Vinaj.Explorations de Monaco
Rencontre débat au Lycée Français de Barcelone. 10 avril 2024. Xavier Prache, directeur des Explorations de Monaco. A sa droite, M. Jean Bastianelli, Proviseur et à sa gauche, Mme Anne-Sophie Vallier, Proviseur adjointe ©JCVinaj.Explorations de Monaco
La médiation, l'un des trois piliers de l'action des Explorations de Monaco pendant les Missions Méditerranée, avec la coopération régionale et la science©JCVinaj.Explorations de Monaco
Les enseignants du Lycée Français de Barcelone à l'école de la mer à bord de Tuiga, le navire ambassadeur de la Principauté de Monaco. 12 avril 2024©JCVinaj.Explorations de Monaco
Accueil des délégués des classes à enjeux maritimes sur le Port Vell à bord de Tuiga. 9 avril 2024. Les élèves en compagnie de l'équipage de Tuiga et de l'équipe d'animation des Explorations de Monaco©JCVinaj. Explorations de Monaco
Atelier éducatif autour de l'exposition "La temps de l'Action" avec les élèves du Lycée Français de Barcelone. 9 avril 2024. Plusieurs classes de 4ème, 5ème et 3ème du Lycée Français auront été accueillies au cours de la semaine du 8 au 12 avril 2024 avec d'autres écoles barcelonaises ©A.Jacomme. Explorations de Monaco
Accueil d'une classe du Lycée Français au Reial Club Nautico de Barcelone par Didier Théron, Responsable médiation des Explorations de Monaco. Au programme : atelier marin à bord de Tuiga et visite de l'exposition sur les Aires marines Protégées. 7 avril 2024©A.Jacomme. Explorations de Monaco
Echange entre l'équipe des Explorations de Monaco au complet et les élèves, les enseignants et les parents au Lycée Français de Barcelone. 12 avril 2024©JCVinaj.Explorations de Monaco

 

Les projets se concrétisent…

Mars 2024, terminé les écrans et les échanges écrits, le temps de faire connaissance est arrivé. Xavier Prache de passage à Barcelone nous accorde quelques précieuses heures pendant lesquelles nous énumérons le programme proposé à nos élèves. Visite de Tuiga, expositions sur les Aires Marines Protégées de Méditerranée, échange entre les familles du LFB et les membres de la Société des Explorations de Monaco,  sortie en mer pour les enseignants, rencontre entre nos ambassadeurs enjeux maritimes et Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco… Rien que de penser à toutes ces merveilleuses expériences proposées à nos élèves et leurs enseignants, j’avais “le corazon contento” comme disent les espagnols. Que d’opportunités !

 

La semaine tant attendue va commencer…

Avril 2024, après une semaine d’échanges intenses et journaliers, nous y sommes enfin, tout est prêt ! Nous rencontrons le reste de l’équipe, nous avions tellement échangé auparavant que nous avions l’impression de déjà nous connaître. Quelle équipe! Un accueil chaleureux et attentionné, toutes nos classes enjeux maritimes ont pu découvrir l’exposition interactive sur les Aires Marines Protégées, accompagnés d’un des membres de l’équipe qui a su avec beaucoup de pédagogie leur faire découvrir ce concept. Ils ont également rencontré les membres de l’équipage de Tuiga, du matelot au capitaine! Noeud de chaise, nœud de pêcheur, ils sont à présent incollables et le font les yeux fermés et les mains dans le dos. Ils ont découvert un bateau assez unique de part son histoire ainsi que les conditions de vie des marins lors des régates. Une de nos élèves passionnée par la voile a également rencontré l’équipage du sister ship le Mariska. Nos élèves ont été immergés dans les enjeux maritimes au plus haut point, ils ont compris que l’Océan était la préoccupation des années à venir, mieux connaître pour mieux protéger!

Ils en parlent encore aujourd’hui avec des étoiles dans les yeux chaque fois qu’ils passent la porte de nos salles de classes. Ils se sentent concernés, impliqués et responsables. C’est le but de ce genre de projet.

Alors on peut le dire : mission accomplie !

 

Les suites de l'aventure

Juin 2024; prochaine étape de notre collaboration, l’aventure ne s’arrête pas là ! C’est ce qui fait tout le sel et toute la magie de ce grand projet commun. L’exposition sur les Aires Marines Protégées est restée à Barcelone au Lycée français. Nos élèves se préparent pour la présenter aux enfants des classes de primaire, mais également aux autres écoles du quartier. En français, anglais, catalan et espagnol, peu importe la langue utilisée, ils feront passer le message.

Merci encore à toute l’équipe des explorations de Monaco pour cette belle expérience qui restera gravée dans la mémoire du Lycée Français de Barcelone.

Aude Jacomme. Lycée Français de Barcelone.12 avril 2024©S. Peroumal. Explorations de Monaco

Aude JACOMME

Enseignante au Lycée Français de Barcelone. En charge des classes à enjeux maritimes. 

Les partenaires des Missions Méditerranée

La gouvernance des Explorations de Monaco

9 avril 2024. A l’aube de cette journée d’annonce des Missions Méditerranée à Barcelone, dans le cadre de la deuxième réunion de la Décennie de l’Océan, Xavier Prache plante le décor, envisage la suite des missions et mesure le chemin déjà parcouru depuis son arrivée le 1er septembre 2023 à la tête des Explorations de Monaco.

Top départ !

On y est ! 9 avril 2024. L’annonce des Missions Méditerranée des Explorations de Monaco !

A peine 7 mois après avoir pris les commandes de cette singulière plate-forme, tout entière consacrée au service de l’engagement de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco en matière de connaissance, de gestion durable et de protection de l’Océan, je me retrouve à Barcelone. Du haut de la terrasse de l’appartement loué pour l’occasion, QG de l’équipe des Explorations pour ce baptême du feu, je contemple le port Vell et sa promenade sur laquelle depuis quelques jours est installée l’exposition itinérante sur les Aires Marines Protégées en Méditerranée, intitulée « Le temps de l’Action« . Ce formidable outil de médiation est le résultat d’un travail acharné, mené tambour battant avec nos partenaires pour l’occasion. Tout est prêt, ou semble l’être en tout cas ! L’équipe a travaillé pour ça ! Avant moi, Gilles Bessero, ancien directeur des Explorations de Monaco, avait tracé la route. En bon capitaine de navire, je l’ai suivie, veillant à ce que chaque membre de l’équipage se prépare pour ce grand jour.

Et on y est ! Les premières activités de médiation ont commencé la veille avec les classes du Lycée français de Barcelone, dont la classe de 4ème dite « à enjeux maritimes« . Des élèves motivés et engagés, déjà, pour être demain les ambassadeurs de la Méditerranée auprès de leurs camarades de classe, de leur famille, et après-demain auprès de leurs enfants, à leur tour, et de leurs collègues de travail dans leur vie professionnelle. Ils sont vifs, intéressés, curieux, de cette insolence que la jeunesse permet encore : les défis qui attendent la Méditerranée en général et les Aires Marines Protégées en particulier, se nourrissent de cette jeunesse, de cette force, de cette espérance en l’avenir. 

Le Temps de l'Action

Cette pépite de biodiversité qu’est la Méditerranée, ne représente même pas 1% de la surface totale des océans. Elle est pourtant riche de 8% des espèces marines mondiales et de 28% d’espèces endémiques. Cette mer au milieu des terres a besoin de notre engagement commun, toutes générations, forces et compétences unies, pour que les objectifs ambitieux affichés en 2022 dans le Cadre Mondial de la Biodiversité de Kunming-Montréal aient une chance d’être approchés : 30% de la Méditerranée dûment conservés et gérés d’ici à 2030 ! C’est le temps de l’action. 

Depuis des mois, l’équipe travaille aux événements qui jalonneront cette journée d’annonce. Mais nous ne sommes pas seuls : les co-organisateurs de ces événements nous secondent efficacement depuis le début, MedPAN, SPA/RAC, The MedFund et la Monk Seal Alliance. Nos partenaires institutionnels également, Gouvernement Princier, Fondation Prince Albert II de Monaco, Institut océanographique, Centre scientifique de Monaco, et Yacht Club de Monaco grâce à qui nous avons la chance d’être accompagnés à Barcelone par Tuiga, voilier patrimonial de la Principauté de Monaco. Non, nous ne sommes pas seuls, et nous avons même le privilège de pouvoir compter sur la présence du Prince Souverain à chacun de nos événements satellites. Quel autre État au monde peut-il se targuer d’un tel engagement, au quotidien, au profit de l’Océan, et ici en particulier de la mer Méditerranée ?

 

Le décor des Missions Méditerranée est planté. Pour longtemps ! Imaginez un peu : 7 ans de missions sur tout le pourtour méditerranéen, au service des aires marines protégées et de leurs gestionnaires. Barcelone sera suivie en octobre 2024 de la première mission des Missions Méditerranée, mission de lancement, en Grèce ! 5 semaines à propos desquelles nous avons hâte de revenir vers vous pour vous faire partager l’engagement de la Principauté de Monaco… 

 

En avant ! Cap sur la Méditerranée et ses aires marines protégées !

 

Xavier Prache

Xavier PRACHE

Directeur des Explorations de Monaco. 

Xavier PRACHE a succédé à Gilles BESSERO le 1er septembre 2023. 

 

Les partenaires des Missions Méditerranée

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